Portes Ouvertes publie ce mercredi son Index Mondial de Persécution des chrétiens pour l'année 2024. Il révèle que plus de 365 millions de chrétiens sont fortement persécutés ou discriminés dans 78 pays, ce qui représente 1 chrétien sur 7 dans le monde.
Chaque année depuis plus de trente ans, l’organisation Portes Ouvertes publie son Index Mondial de Persécution des Chrétiens. Dans son rapport 2024, l'organisation indique que si depuis la création de l'Index en 1993 on constatait "une augmentation progressive de la persécution", on observait en revanche "un ralentissement de la croissance de la persécution ces dernières années".
2024, l'année de tous les records
Toutefois, les résultats 2024 changent la donne avec un taux de croissance de la persécution qui a doublé par rapport à l'année précédente avec notamment une augmentation de 7,7% de la violence dans les 50 premiers pays de l'Index.
Le rapport indique également que l'année 2024 compte plusieurs records : un nombre record de pays où la persécution est forte (78 pays contre 76 l'année dernière), un nombre record de pays où la persécution des chrétiens est extrême (13 contre 11 l'année dernière), ainsi qu'un nombre record d'églises ciblées (4 766 soit 7 fois plus que l'année précédente).
En outre, selon ce document de référence, 365 millions de chrétiens sont actuellement victimes de persécution ou de discrimination dans le monde, ce qui représente 1 chrétien sur 7. Aussi, sur la période prise en compte pour l’établissement de l’Index, qui s’étend du 1er octobre 2022 au 30 septembre 2023, 4 998 chrétiens ont été tués (soit plus de 13 par jour), 3 906 chrétiens ont été kidnappés (dont 3 300 au Nigeria) et 4 125 chrétiens sont détenus (dont plus de la moitié en Inde).
La Corée du Nord encore et toujours en tête du classement
La Corée du Nord occupait la première place de l’Index depuis 20 ans, avant d’être "doublée" en 2022 par l’Afghanistan où de nombreux chrétiens avaient été tués et pourchassés par les talibans. En 2023, le pays avait retrouvé sa place en tête du classement, c'est à nouveau le cas cette année. La Corée du Nord reste, selon PO, "de loin le pire pays pour les chrétiens".
"Si un chrétien est découvert, il est tué sur-le-champ ou envoyé avec sa famille dans des camps de travaux forcés en tant que criminel politique."
Suivent la Libye, l’Erythrée, le Yemen , le Nigeria, le Pakistan, le Soudan, l'Iran, l'Afghanistan, l'Inde, la Syrie et l'Arabie saoudite. Ces 13 pays sont les pays où la persécution à l'égard des chrétiens est "extrême".
Les chrétiens d'Afrique dans la tourmente
Lors de la conférence de presse qui s'est tenue hier, mardi 16 janvier, Ilia Djadi, expert analyste pour l'Afrique de l'Ouest, a tiré la sonnette d'alarme en ce qui concerne la situation des chrétiens en Afrique, "région du monde où le plus de chrétiens sont tués pour des raisons liées à leur foi". "Les pays du Sahel sont les plus affectés, les groupes terroristes donnent des armes aux jeunes et leur promettent de l'argent", a-t-il expliqué. Dans ce contexte de crise, "comment assurer la protection des minorités ?" s'est interrogé l'expert, en martelant : "Il y a urgence au Sahel et en Afrique en général".
La fin de "l'exception" algérienne
Un autre intervenant a pris la parole lors de la conférence, il s'agit du pasteur Youssef Ourahmane, vice-président de l'EPA (Église protestante d'Algérie). N'ayant pas pu être présent, il a envoyé une vidéo dans laquelle il témoigne de la situation des chrétiens dans son pays. Longtemps figure d'exception au Maghreb, car les chrétiens d'arrière-plan musulmans se réunissaient librement, l'Algérie classée 15e dans l'Index est, selon PO, l'un des pays où la persécution a le plus augmenté.
C'est également ce dont témoigne le pasteur algérien qui explique que l'Etat créé des lois pour rendre la vie des chrétiens difficile. Sur les 46 églises de l'EPA, 42 ont été fermées par le gouvernement. À cause d'un flou juridique autour de la liberté religieuse, les chrétiens d'arrière-plan musulman sont régulièrement arrêtés. Il a lui même été condamné à deux ans de prison ferme, un jugement auquel il compte faire appel.
Camille Westphal Perrier